Huitième session du comité scientifique du Terra Sancta Museum : une nouvelle étape pour le musée de la Custodie de Terre Sainte !
Les 26, 27 et 28 mars 2022 s’est tenue, à Jérusalem, la huitième réunion du comité scientifique du Terra Sancta Museum ! Après deux ans de fermeture des frontières en raison de la crise sanitaire, les membres de ce comité international prestigieux ont pu enfin revenir se retrouver au couvent Saint-Sauveur, siège de la Custodie de Terre Sainte. Au programme, trois journées de travail intenses qui ont vu se succéder sessions de travail en groupe, découverte du Dar Al Sabagh Diaspora Studies and Research Centre à Bethléem, et réunion de présentation des avancées du musée et des nouveaux projets en cours.
Des travaux qui avancent !
L’année 2022 annonce un nouveau schéma d’organisation pour le musée qui voit notamment son programme de travaux évoluer en trois phases réparties sur trois ans. Depuis 2019 et jusqu’à aujourd’hui, l’office technique de la Custodie s’est concentré sur un travail de documentation du bâtiment (relevé architectural et modélisation 3D, étude historique et diagnostique sanitaire) et sur des travaux de démolition (dépose des cloisons, des enduits et des sols) de façon à assainir les maçonneries existantes et à dégager les espaces tels qu’ils sont prévus dans le nouveau musée.
Ainsi, une phase de travaux de gros-œuvre, débutera prochainement et visera notamment à couvrir l’ensemble des travaux liés à la consolidation de la structure et à la gestion des eaux (infiltrations, fuites, évacuations). Il s’agit de travaux très techniques qui nécessiteront la mise en œuvre de méthodologies peu utilisées en Palestine, comme notamment les injections de mortier de chaux dans les maçonneries. La mise en place de verrières sur 2 cours, la restauration d’une partie du toit du couvent, des cours intérieures et des citernes participeront à prévenir les risques d’infiltration et de fuite.
Lors de la deuxième phase, les travaux se concentreront à l’intérieur du musée. C’est lors de cette phase que les revêtements de sols seront mis en place, que les enduits de finition seront appliqués sur les murs et les voûtes et que l’ensemble des réseaux seront installés (électricité, plomberie, ventilation, mais aussi sécurité et sureté).
Quant à la troisième phase, prévue à partir de juillet 2023, elle sera celle de l’aménagement scénographique des salles, de l’installation des vitrines et de la mise en place des oeuvres.
À cela se rajoute enfin le lancement d’une réflexion sur la gestion des risques auquel le musée devra faire face : intrusion, incendie, inondations mais aussi séismes !
Des catalogues pour documenter les collections
Avec le lancement du nouveau catalogue d’orfèvrerie consacré à la période des XIXè et XXè siècle, le nombre de catalogue en production pour la section historique du TSM est désormais porté à quatre !
Anne Dion est chargée de la direction de ce dernier ouvrage et, dans cette optique, était arrivée à Jérusalem en compagnie de Benoit Constensoux une semaine avant la tenue du comité pour prendre connaissance des œuvres qui avaient été préalablement sélectionnées. La prochaine étape consiste désormais à identifier les spécialistes qui rédigeront les différentes notices de l’ouvrage. Le catalogue consacré à l’orfèvrerie du Moyen-Âge, confié à Florent Meunier, comprendra, quant à lui, de nouveaux objets suite à de récentes découvertes. On compte parmi ceux-ci l’épée dite de Godefroy de Bouillon qui était exposée au Saint-Sépulcre et à laquelle Benoît Constensoux a récemment consacré un article publié dans Terre Sainte Magazine. Estelle Ingrand-Varenne, ingénieure de recherche au CNRS et spécialiste en épigraphie médiévale, et David Catalunya, musicologue et spécialiste de la culture musicale médiévale, devraient également contribuer à l’enrichissement de ce catalogue. Le troisième ouvrage est celui dédié à l’orfèvrerie de l’époque moderne (XVIIè et XVIIIè siècle). Michèle Bimbenet-Privat, qui en assure la direction, a confirmé être en attente des dernières notices d’œuvres. Cet ouvrage, qui sera organisé en trois parties (les dons des cours princières d’Europe, les dons des pèlerins et les objets de tradition « ottomane »), sera traduit en quatre langues (français, anglais, italien et espagnol). La réflexion va désormais se concentrer sur la sélection d’un éditeur. Les deux catalogues consacrés aux époques médiévale et moderne devrait voir le jour fin 2024.
Enfin, l’édition d’un catalogue consacré à l’art de la Nacre a été relancé. Il sera co-dirigé par Francesca Biaso, docteure en histoire de l’art de l’université de Véronne, et George Al’Ama, collectionneur palestinien et directeur du Centre Michele Piccirillo.
Un musée toujours plus ouvert sur l’international
Alors que les travaux de notre musée se poursuivent, de grandes institutions muséales internationales continuent de manifester de l’intérêt pour nos collections. Preuve supplémentaire de la richesse du patrimoine des franciscains de Terre Sainte, les expositions temporaires qui en découlent permettent de rendre visible ce trésor en attendant l’ouverture complète du musée. Pas moins de six expositions sont actuellement programmées.
Localement, le musée de la Tour de David souhaiterait bénéficier d’un dépôt de trois bombes incendiaires et d’un harnais du XIIIè siècle pour son exposition permanente. La National Library of Israel a également fait une demande concernant des ouvrages de la bibliothèque de la Custodie pour un exposition qui devrait ouvrir à la fin de l’année.
Internationalement, le Château du Clos Lucé et l’Hôtel de Lagoy en France prévoient des expositions respectivement prévues fin 2022 et début 2023. Mais l’évènement majeur annoncé est l’exposition « Theatrum mundi » organisée par la fondation Calouste-Gulbenkian début 2023 qui exposera plus d’une centaine d’œuvres du Terra Santa Museum.
Enfin, la Custodie de Terre Sainte s’expose également grâce à une exposition itinérante sur l’histoire et la mission des franciscains en Terre Sainte ainsi que sur les sanctuaires gardés par eux. Créée par trois frères, Nour Tamas, George Jallouf et Johny Jallouf, cette initiative unique a été présentée en fin d’année dernière dans plusieurs paroisses d’Iraq, de Syrie et du Liban, et circule aujourd’hui entre Bethléem, Nazareth, Ramleh et Tel Aviv avant de finir sa course à Jérusalem à l’automne prochain.
Une nouvelle salle pour les icônes
Autre annonce importante de ce comité scientifique, la création d’une nouvelle salle dans le parcours de la section historique qui sera consacrée aux icônes. Sous la direction de Raphaëlle Ziadé, cette salle exposera des icônes issues de toutes les traditions présentes en Terre Sainte (copte, grecque, russe et arabe), le Terra Sancta Museum se voulant un reflet de la diversité et richesse de la présence chrétienne locale.
Les œuvres qui seront présentées dans cette salle sont encore en cours de sélection et d’étude, mais elles seront toutes issues de deux collections : celle de la Custodie de Terre Sainte et de George Al’Ama. C’est d’ailleurs dans cette optique que le comité scientifique avait été invité au Dar Al Sabagh center de Bethléem par George Al’Ama qui en est aussi le dirigeant. Cette rencontre avait pour objectif de présenter ce centre de recherche unique, dédié à la diaspora palestinienne, ainsi que la présentation d’une sélection d’icônes de la collection de George Al’Ama qui seront déposées au Terra Sancta Museum.
Le projet du Terra Sancta Museum fête cette année ses 10 ans et en dépit d’une conjoncture difficile montre toujours autant de vigueur ! En témoigne l’arrivée de nouveaux mécènes institutionnels qui impulsent une nouvelle étape de professionnalisation pour le musée. 2022 marque, en effet, une restructuration des équipes en six groupes de travail et une division des tâches impliquant encore davantage les membres de notre comité scientifique. « Nous passons véritablement de la phase d’avant-projet à la phase de réalisation du musée » déclarait Béatrix Saule aux membres du comité réunis. Suivant l’élaboration du nouveau calendrier des travaux, une nouvelle date d’ouverture complète du musée a été annoncée. Rendez-vous en avril 2025 pour l’inauguration !