Funérailles du Christ : les trésors du Vendredi Saint
Aujourd’hui, la Passion et la mort de Jésus-Christ sont célébrées et commémorées dans les églises du monde entier. Sur le lieu historique de ces événements, au Saint Sépulcre, se tient une cérémonie unique en son genre : les Funérailles du Christ. Un des moments les plus intenses du Triduum Pascal à Jérusalem, que les Franciscains de Terre Sainte font revivre depuis des siècles avec des objets liturgiques exceptionnels.
Le Vendredi Saint à Jérusalem rassemble des milliers de pèlerins venus du monde entier. On célèbre sur le Calvaire la Passion du Seigneur, et le Chemin de Croix dans les rues de la Vieille Ville. Le soir, au cœur du Saint Sépulcre, ont lieu les Funérailles du Christ selon une coutume ancienne attestée depuis le début de la présence franciscaine à Jérusalem et dont la forme n’a pas bougé depuis 1750.
La procession funèbre débute dans la chapelle de l’Apparition du Christ à Sa Mère, rythmée par la lecture de l’Evangile. Après un moment de prière silencieuse, les voix des franciscains s’élèvent peu à peu dans la pénombre du Saint Sépulcre pour entonner le chant du Psaume 51 : ‘’Miserere mei, Deus’ – Pitié pour moi mon Dieu »’. La procession des fidèles amène lentement au Calvaire la croix en bois sur lequel une statue du Christ a été clouée (offerte par la Colombie à la Terre Sainte cette année). Le Custode de Terre Sainte présidant la liturgie, accueille gravement le Christ ensanglanté. Seuls les frottements des vêtements de velours noir brodé d’or et d’argent des célébrants, décorés des instruments de la Passion brise le silence du crucifiement, point culminant de la liturgie. Un ensemble somptueux confectionné à Valence spécialement pour le Saint Sépulcre il y a deux cents ans. Au cours de la procession, le Custode place symboliquement sur les épaules des neufs prêtres lisant l’Evangile les lourdes étoles noires récemment restaurées par les Sœurs Adoratrices du Saint Sacrement vivant à la Grotte du Lait de Bethléem. Un soin particulier a été apporté aujourd’hui dans le choix des ornements, de manière à exprimer avec un infini respect la reconnaissance des fidèles envers le Créateur pour l’accomplissement du sacrifice de son Fils.
Quand l’effigie du Christ parvient au Calvaire, deux diacres se dévêtent de leur dalmatique, et lui retirent avec des tenailles sa couronne d’épines et avec un marteau les clous enfoncés dans ses mains et ses pieds, à l’image de Joseph d’Arimathie et de Nicodème. Ils les déposent ensuite sur quatre plateaux offerts par Charles II de Habsbourg, roi d’Espagne. Le bruit sourd des coups de marteaux frappant la croix résonne sur le Golgotha, bondé de fidèles et de pèlerins en silence.
Enveloppé dans un linceul, le Christ mort est alors porté à la Pierre de l’Onction. A ce moment-là, le Custode de Terre Sainte s’agenouille et oint délicatement son corps après avoir ôté sa chape. Les parfums sont versés sur le corps du Christ avec un aspersoir en filigrane d’argent, et deux pokals d’argent offerts par l’empereur Leopold Ier de Habsbourg et Mikołaj Zebrzydowski, voïvode de Cracovie au XVIIe siècle, contenant les grains d’encens.
Le Christ est ensuite porté jusqu’à l’Edicule et placé sur la pierre du tombeau, en attendant le matin Samedi Saint et la proclamation, au cœur du Saint Sépulcre, de la Résurrection et la victoire de la vie sur la mort.