Dima Musallam : « Le Terra Sancta Museum, un témoignage d’espérance pour ceux qui veulent défendre la foi chrétienne en Terre Sainte »
Dima est l’un des visages de cette jeunesse palestinienne chrétienne qui fait rayonner le patrimoine de la ville sainte ! Tout visiteur a pu croiser Dima. Responsable de l’accueil des publics, elle guide depuis 6 ans les groupes de pèlerins pour les faire entrer dans l’histoire et l’esprit de Jérusalem. Elle nous partage son parcours et ses rencontres.
Dima, quel est ce nouveau diplôme que l’on t’a remis ?
Il s’agit du diplôme en “formation biblique” dispensé par la faculté des sciences bibliques et archéologiques de Jérusalem (le Studium Biblicum Francescanum), rattachée à l’Université pontificale « Antonianum ». Lorsque j’ai commencé au musée, les visiteurs me posaient pleins de questions. Comme je ne savais pas leur répondre, j’allais toujours voir le Directeur des collections, le Frère Eugenio Alliata ofm, pour lui demander des explications… Un jour, le Père Eugenio m’a offert cette opportunité d’étudier au Studium Biblicum Francescanum pour que je puisse parfaire mes connaissances afin de mieux accueillir les pèlerins. Pour moi c’était comme un don du ciel de trouver un enseignement archéologique honnête et authentique ce qui m’a aidé à approfondir mes connaissances sur la Terre Sainte et connaître davantage mon pays.
Quel est ton parcours ?
Je suis née et j’ai grandi à Bethléem en Palestine. Je suis issue d’une petite famille car la grande partie des Musallam a émigrée au Chili lors de la guerre de 1948. Quand ils retournent à Jérusalem, ils me rendent visite à la maison et au musée pour voir le MultiMedia qui les intéresse beaucoup ! À 23 ans, j’ai eu l’opportunité de voyager dans différents pays d’Europe et d’Amérique latine et en Corée où j’ai appris les langues. J’étudiais alors les « sciences linguistiques » à l’Université catholique du Sacré cœur de Milan. J’ai appris quatre langues latines : l’italien, l’espagnol, le français, et le portugais, j’étudie aussi l’hébreu.
En quoi consistait ton travail avant l’ouverture du musée en 2019 ?
En juin 2017, je suis arrivée au couvent de la Flagellation en tant que guide auprès des groupes de pèlerins et des écoles. A l’époque il n’y avait que la salle multimédia. Le musée archéologique, créé initialement en 1902, a réouvert en juin 2018. En 2019 nous avons accueilli près de 30 000 visiteurs ! Durant le covid, le musée n’était accessible que sur demandes. Cela m’a permis de travailler au catalogage des pièces archéologiques du musée, un travail colossal, initié en 2009, et qui compte plus de 22 000 fiches numériques répertoriées ! Aujourd’hui je m’occupe de la billetterie, des visites et poursuis ma formation scientifique.
Qui sont les visiteurs que tu accueilles ?
Les gens viennent du monde entier et sont de différentes religions : chrétiens, musulmans, juifs, hindous, bouddhistes… Leur venue est un signe d’ouverture d’esprit et un attrait pour par notre identité chrétienne. Nos expositions attirent une grande affluence surtout à Pâques et en été. Parmi les groupes linguistiques les plus représentés, ce sont majoritairement des Italiens et des Américains, mais aussi des locuteurs espagnols et portugais, puis viennent les Français, les Israéliens et enfin les visiteurs de langue arabe, les polonais et les russes (surtout provenant de Tel Aviv et de Haifa). Nous attendons un nouveau public originaire d’Europe centrale maintenant que le multimédia vient d’être traduit en allemand. La plupart viennent en quête de quelque chose et je les vois émus de cheminer sur les pas de Jésus… Les pèlerins me disent que c’était leur rêve de venir sur cette terre-sainte. On vient même parfois me confier telle ou telle intention de prière ! Il y a aussi des athées qui, au cours de la visite, finissent par pleurer !
Quels objets exposés te touchent particulièrement ?
Ce qui m’attire le plus dans la salle dédiée à l’époque de Jésus c’est le balsamaire romain qui rappelle l’épisode de l’onction de Béthanie, près du mont des Oliviers, où la femme pécheresse a oint les pieds de Jésus avec un parfum de grand prix (Jean 12, 1-3).
De même la collection de numismatique antique avec le fameux denier : un chrétien doit donner à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. (Jean 20, 24-26).
Le Terra Sancta Museum possède également une de plus riches collections de lampes byzantines de Terre Sainte IV-XI ème siècle ! De typologies variées, le plus souvent décorées de motifs de croix, ces lampes à usages domestiques ou liturgiques sont des témoignages de foi qui ont une importance particulière pour moi.
Que représente le musée pour toi ?
Ce musée a une identité chrétienne porteuse de sens pour moi. Le Terra Sancta Museum est une initiative formidable qui présente, grâce à la science archéologique authentique, les origines de l’Histoire chrétienne universelle. En effet, un objet sur deux soit 20 000 artefacts sur les 40 000 conservés, est de culture chrétienne. J’ai appris à adapter mon discours pour faire dialoguer l’Evangile et les œuvres en fonction du public. Avec les enfants, j’utilise des histoires, des paraboles ou des versets bibliques pour les aider à mieux comprendre des artefacts archéologiques originaux.
Pour les visiteurs plus « catéchisés », je présente le long travail des archéologues franciscains pour mieux faire connaître les sanctuaires.
Comment envisages-tu l’agrandissement du musée ?
Avec la finalisation du musée et la salle du Saint-Sépulcre et de Nazareth, je compte bien continuer à élargir mes compétences. Alors que les chrétiens sont moins d’1% dans ce pays, le musée est pour nous comme un « miracle » : le succès de sa fréquentation est un témoignage d’espérance pour défendre la foi de Terre Sainte. Ceux qui sont restés ici malgré la guerre, le manque de travail doivent porter le message chrétien au monde entier. Je suis très reconnaissante à la Custodie de Terre Sainte pour cet emploi qui est pour moi, une vocation ! Je suis reconnaissante pour le grand travail des Franciscains et particulièrement au Frères Eugenio Alliata ofm et Stéphane Milovitch ofm, directeur de biens culturels, pour leur mise en valeur de ces objets précieux pour la Terre Sainte.