8 Février 2024

Quand le Terra Sancta Museum rassemble les pèlerins d’hier et d’aujourd’hui

de MAYA ABU HANI

L’une des grandes réalisations de l’année 2023 aura été la production d’un multimédia qui permettra aux visiteurs de se plonger dans l’épopée humaine qu’était le voyage de Venise à Jérusalem aux siècles passés. En compagnie de Béatrix Saule, Présidente du comité scientifique du musée, entrons dans les coulisses de la réalisation d’un multimédia !

L’ÉMOTION AU SERVICE DE LA COMPRÉHENSION

La décision d’intégrer des formats multimédia au sein du Terra Sancta Museum n’est pas nouvelle. Ces derniers ont déjà été expérimentés au musée archéologique de la Flagellation. Cette volonté s’inscrit dans un souci de raconter au plus grand nombre l’histoire chrétienne de la ville sainte. En effet, les premières études des publics du futur musée d’Art et d’histoire  envisagent une grande diversité d’âge, d’origine géographique mais aussi de rapport à l’histoire et à la culture chrétienne. Béatrix Saule, cheville ouvrière du projet, partage : “quand on conçoit un parcours, on pense au visiteur et on s’arrange pour qu’il y ait un rythme dans la visite. Il faut ménager des temps forts mais aussi des temps de repos.” 

Au musée archéologique de la Flagellation, un multimédia existe déjà.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’une salle immersive transportant les visiteurs d’aujourd’hui  dans l’expérience humaine et spirituelle des pèlerins d’autrefois. Béatrix a constitué pour l’occasion un groupe de travail aux compétences plurielles : scénographie, théâtre, réalisation audiovisuelle et communication.

Ce multimédia s’insèrera dans la section dédiée à l’histoire et aux missions de la Custodie, notamment l’accueil des pèlerins. “Nous avions peu d’œuvres à présenter or c’est un sujet qui touche à l’humain et il nous fallait l’incarner sinon cela resterait très froid. Ce que nous allons raconter aux visiteurs, c’est une aventure autant humaine que spirituelle. On lui demande de nous accompagner de Venise à Jérusalem à une époque où il était très difficile d’être pèlerin, où on n’était même pas sûr de revenir chez soi ! L’accueil des Franciscains était donc vital. Ce que nous avons voulu partager ce sont des émotions ; de la peur au cours de la longue traversée lorsque l’on rencontrait des pirates à la joie de l’arrivée à Jérusalem”. Et pour ce faire, l’équipe du musée a opté pour un format court (4 minutes), sans voix-off, privilégiant la musique. 

C’est dans ce basin, offert par le Portugal en 1673, que le Custode de Terre Sainte lavait les pieds des pèlerins lors de leur arrivée à Jérusalem.

UN SOUCI DE VÉRACITÉ HISTORIQUE

Afin de concevoir la trame narrative de ce multimédia et par souci d’exactitude historique, Béatrix Saule s’est alors plongée, non sans joie, dans la lecture de dizaines de récits de pèlerinages du XVIᵉ-XVIIᵉ siècle. “Les voyages de Frère Félix Fabri en Orient (1480-1483)”, dominicain suisse, ont retenu son attention. “On a un récit précis, daté, extrêmement concret, très vivant !” partage avec enthousiasme Béatrix Saule. À cette époque, les pèlerinages n’ont lieu que de mai à juillet pour des raisons de navigation. “On n’a pas triché !” lance encore Béatrix, “on a pris un pèlerinage bien particulier en reprenant les dates exactes de ce voyage pour  en montrer la durée réelle”. L’autre “trouvaille” de Béatrix Saule, ce sont ces gravures figurant dans le “Peregrinatio in Terram Sanctam” de l’écclésiastique allemand Bernard de Breydenbach publié en 1486. Elle décrit : “il s’agit du premier ouvrage de récit de voyage illustré. C’est un monument dans le genre, cela a été un grand succès de librairie. Breydenbach s’était entouré du peintre hollandais Erhard Reuwich. La qualité des gravures est magnifique”.

Cette richesse visuelle inégalée fallait-il encore mettre la main dessus ! La Custodie en possède bien un exemplaire dans sa bibliothèque mais ce dernier est incomplet et en noir et blanc. “Il se trouve qu’il y a, à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, un exemplaire qui a été rehaussé de couleurs et qui était encore plus séduisant que les autres. Je suis donc allé voir le Conservateur responsable de la réserve des Livres rares. Nous sommes descendus dans la réserve et avons choisi les planches que l’on voulait.”  Grâce à une collaboration initiée en novembre 2021, le Terra Sancta Museum a pu faire l’acquisition de ces planches en très haute définition. Six précisément et qui mettent en scène les villes de Venise, Corfou, Candie (Crête), et Rhodes, tandis que la carte de Palestine est utilisée pour illustrer les détails de quatre séquences : l’arrivée du pèlerin à Jaffa, la montée à Jérusalem, la première apparition de Jérusalem (Montjoie), l’accueil au mont Sion, et la façade du Saint-Sépulcre.

Alors, récit détaillé et iconographie en matin, Béatrix Saule s’est rapprochée de ceux qui allaient donner chair à ce projet, l’équipe du Studio Base 2, basée à Milan. La suite au prochain épisode ! Restez connectés !

Video réalisée à l’occasion de l’exposition“ Imprimer !” par la BNF. Les Saintes Pérégrinations de l’auteur-voyageur Breydenbach.
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