19 Novembre 2023

Exposition au Musée Gulbenkian : “un avant-goût de ce que sera le Terra Sancta Museum”

de EMILIE REY

Le Terra Sancta Museum, représenté par le directeur des Biens Culturels Frère Stéphane Milovitch et le Maître de Cérémonies de la Custodie de Terre Sainte Frère Rodrigo Machado Soares, a eu l’honneur de participer au vernissage de l’exposition “Trésors des Rois : Chefs-d’œuvre du Terra Sancta Museum” accueillie par le prestigieux Musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne. Pour la première fois, ces trésors offerts au cours des cinq derniers  siècles par les monarques catholiques d’Europe rejoignent le Portugal.

Au total, 74 objets issus des collections du musée sont présentés au public dans la “ville aux sept collines”. Dans le cadre de l’exposition conçue par les deux commissaires Jacques Charles-Gaffiot (conseiller expert français/membre du comité scientifique du Terra Sancta Museum) et André Afonso (Conservateur au Musée Gulbenkian), ils sont accompagnés d’autres oeuvres provenant, entre autres, du Patriarcat arménien de Jérusalem, de la Bibliothèque nationale du Portugal, de la Collection George Al-Ama de Bethléem, du Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne, du Museu Nacional Machado de Castro à Coimbra, etc. “Cette exposition témoigne de notre travail quotidien à Jérusalem : tisser des relations avec d’autres institutions. Nous ne construisons pas un musée tout seuls, entre franciscains. Cela n’aurait aucun sens. Notre musée nous ouvre aux autres, et nous sommes ravis qu’ici au Portugal, nos pièces soient exposées aux côtés des chefs-d’œuvre nationaux portugais”, commente Frère Stéphane.

Calouste Gulbenkian Foundation. Foto: © Pedro Pina

Grâce à l’expertise du Département de Restauration du Musée Gulbenkian et du Laboratoire National José de Figueiredo, une vingtaine des pièces maîtresses du futur Musée d’Art et d’Histoire, qui ouvrira ses portes en 2026 au Couvent Saint Sauveur, ont été admirablement restaurées. “Ce que les visiteurs de la Gulbenkian découvrent aujourd’hui est vraiment un avant-goût de notre futur musée. C’est très stimulant pour nous aussi, en tant que chefs de projet et membres du comité scientifique”, poursuit Frère Stéphane. “C’est une vraie mise en situation, nous pouvons apprendre et imaginer des choses pour nourrir notre projet. Par exemple, nous avons découvert ce que la Gulbenkian a mis en œuvre pour les malvoyants. C’est une belle initiative et une idée que nous pourrions reprendre pour notre musée”. En effet, divers matériels pédagogiques destinés aux publics aveugles et sourds sont mis à disposition. Des panneaux comportant des reliefs permettent d’appréhender la forme et la décoration des objets. Certaines œuvres peuvent même être manipulées, précautionneusement et avec des gants, en compagnie d’un médiateur : c’est le cas pour l’Antependium napolitain et ses nombreux personnages sculptés.

Mme Béatrix Saule, Présidente du Comité Scientifique du Terra Sancta Museum et Directrice Générale honoraire du Château de Versailles, a fait le déplacement depuis Paris. Il y a dix ans, elle organisait la première grande exposition internationale intitulée : “Trésor du Saint-Sépulcre”. Aujourd’hui, la Gulbenkian expose les “Chefs-d’œuvre du Terra Sancta Museum”. En une décennie, un musée est né et il entre désormais dans la cour des grands ! De Compostelle à Florence en passant par New York, les demandes sont nombreuses pour exposer le dernier trésor latin du monde d’Occident avant qu’il ne rejoigne ses vitrines à Jérusalem.

9 novembre à 18h30. Le président de la Fondation Gulbenkian, António Feijó, prend la parole. L’événement réunit une centaine d’invités, dont de nombreux ecclésiastiques dont Mgr Ivo Scapolo, Nonce Apostolique au Portugal. Le président Feijó salue l’immense travail accompli pour rendre possible cette exposition et remercie les Franciscains pour leur présence. Son accueil est chaleureux, mais le Musée Gulbenkian, en résonance avec la gravité des événements en Terre Sainte, n’est pas enclin à la fête. Comme annoncé par le Conseil de l’Institution : “compte tenu du climat actuel, il s’agira d’un vernissage sobre, sans l’humeur festive coutumière à la Fondation”, un geste apprécié par les Franciscains de la Custodie de Terre Sainte, préoccupés par l’impasse du conflit en cours et ses conséquences économiques, pour les communautés chrétiennes en particulier.

Jacques Charles-Gaffiot revient sur le discours de l’exposition et invite les invités, triés sur le volet, à un voyage à la fois historique et géographique. “Vous allez partir de Lisbonne et arriver au centre du monde, Jérusalem”. La scénographie met en avant la centralité de la ville sainte, avec des espaces rappelant la rotonde du Saint-Sépulcre.

Calouste Gulbenkian Foundation. Foto: © Pedro Pina

Les premiers visiteurs plongent dans l’Histoire de la Jérusalem chrétienne : de la naissance du Christ à Bethléem jusqu’à la construction de la Basilique du Saint-Sépulcre, l’essor des pèlerinages, la garde des Lieux Saints confiée aux Franciscains… La brillante mise en lumière édifiée par Mariano Piçarra met en valeur les œuvres du Terra Sancta Museum.

En levée de rideau, le bas-relief de la Résurrection en argent massif s’impose déjà comme l’emblème du futur Terra Sancta Museum. Il laisse les spectateurs sans voix. « Autrefois, les souverains ne pouvaient pas entreprendre ce pèlerinage nécessitant presque une année de voyage. Ils envoyaient alors des cadeaux qui se sont accumulés au cours du temps. C’est de cette manière que le patrimoine de la Custodie de la Terre Sainte s’est constitué, comprenant des peintures, de l’orfèvrerie et des vêtements liturgiques », explique l’expert français. Les visiteurs passent d’un pays à l’autre : Espagne, Empire austro-hongrois, France, les États italiens et, bien sûr, le Portugal incarné par l’imposante lampe en or, datant du milieu du XVIIIe siècle et offerte par le roi João V.

Nos frères franciscains sont très sollicités et leur présence sur plusieurs jours est mise à profit. Compte tenu du caractère spécifique des collections du Terra Sancta Museum, la Gulbenkian a suggéré que Frère Rodrigo Machado Soares, Maître des Cérémonies de la Custodie, présente à leurs médiateurs l’utilisation liturgique concrète des œuvres exposées. Aux côtés d’André Afonso, commissaire exécutif, il a également animé une visite guidée, très appréciée : “Des vitrines à l’autel”.

La semaine lisboète arrive à son terme. Alors que les médias portugais partagent l’événement avec enthousiasme, nos Franciscains se réunissent avec la Lieutenance portugaise des Chevaliers du Saint-Sépulcre et leurs frères de la Province du Portugal pour un temps de prière. Une messe télévisée présidée par Frère Rodrigo Machado Soares est diffusée en direct le dimanche matin, événement rendu possible grâce au travail acharné de M. Tiago Teles de Abreu (délégué du Terra Sancta Museum au Portugal), de la Fraternité franciscaine de l’Immaculée Conception et en particulier Frère João Duarte Lourenço.

Dans l’église des frères, chants à Jérusalem et prières pour la paix en Terre Sainte s’élèvent. Frère Rodrigo, dans son homélie, rappelle la mission des frères au cours des 800 dernières années : « Dans une terre déchirée par le conflit, la création d’un musée chrétien est certes un petit pas, mais cette initiative pourrait être une lumière au service du dialogue, la seule arme capable de favoriser une véritable compréhension mutuelle, de guérir les blessures et de mener à la réconciliation, la justice et la paix ». La Terre Sainte de demain peut compter sur le Terra Sancta Museum.

 

Dates de l’exposition : du 10 novembre 2023 au 26 février 2024

Horaires d’ouverture : de 10h00 à 18h00, prolongation le samedi jusqu’à 21h00, fermé le mardi

Lieu : Galerie Principale / Fondation Calouste Gulbenkian

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