D’hier à aujourd’hui, le Portugal au service de la Custodie de Terre Sainte
L’appel de la Terre Sainte résonne dans tous cœurs des croyants voulant cheminer sur les pas du Christ. D’un bout à l’autre de la Méditerranée, des voyageurs se sont mis en route. Le Portugal entretient ainsi des liens séculaires avec les Frères mineurs de Terre Sainte par l’intermédiaire de ses Rois mais aussi de pèlerins et volontaires passionnés…
« Itinéraire de la Terre Sainte et de ses particularités », composé par le frère Pantaleão de Aveiro, frère mineur de la province des Algarves.
Le récit du frère Pantaleão de Aveiro
Les registres des « Conduites » conservés au couvent Saint-Sauveur de Jérusalem retracent les dates d’arrivée et provenances de tous les dons reçus par les Frères. Si ces registres sont désormais bien connus, il est plus rare de trouver la mention de ces présents dans les récits de leurs convoyeurs. Récemment, Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magasine, sollicitée pour la rédaction d’un article historique pour le catalogue de la future exposition portugaise du musée Gulbenkian, a mis la main sur un ancien témoignage d’un franciscain d’origine portugaise, nation bienfaitrice de la Custodie de Terre Sainte.
Originaire de la région de Porto, le frère Pantaleão de Aveiro est passé à la postérité pour le récit de son pèlerinage en Terre Sainte aux côtés de 60 autres frères en 1563. Escortant les cadeaux des souverains européens qui font aujourd’hui partie des collections du Terra Sancta Museum, il séjourna trois ans à Jérusalem. Le religieux raconte notamment, sa participation à la construction du couvent Saint-Sauveur, et livre un témoignage unique sur la vie dans la ville Sainte au XVIème siècle. Et c’est un vrai travail de bénédictin auquel s’est livré la journaliste qui a dû faire réécrire de l’ancien portugais cet « Itinéraire de la Terre Sainte et ses particularités ».
Les volontaires devant quelques œuvres du « trésor du Saint Sépulcre » avec le frère Stéphane Milovitch, Responsable des Biens Culturels de la Custodie de Terre Sainte. © TSM
Volontaires au musée pour l’été
Quatre cent cinquante ans plus tard, une délégation de volontaires portugais vient mettre ses dans ceux du frère Pantaleão, pour un mois de service au sein du Terra Sancta Museum. António Rodrigues, la petite vingtaine, est inscrit en master d’histoire et patrimoine à l’Université de Porto. Avec Gabriel Marques, étudiant en lettres classiques à l’Université de Coimbra, ils se sont rapprochés de l’ordre du Saint Sépulcre, leur partenaire de mission. Durant leurs trois semaines de présence au musée, ils se sont investis tour à tour sur le catalogage des œuvres, des actions de communication et à la traduction de la brochure du musée pour permettre au public lusophone de découvrir le projet. Mais c’est aussi en pèlerins que les jeunes gens sont venus et António partage en ces mots sa veillée au Saint-Sépulcre : « La nuit de prière dans la basilique s’est achevée à l’aube par le moment le plus fort : la messe dans le Tombeau. Mettre les pieds sur cette terre était pour moi un rêve de longue date qui s’est concrétisé lors de ce séjour passé chez les Franciscains. Une telle expérience n’aurait pas été possible sans l’accompagnement de la Lieutenance portugaise de l’Ordre des Chevaliers du Saint-Sépulcre que je remercie. » Gabriel ajoute « Honnêtement, je me souviendrai de toute cette période avec nostalgie. Le Terra Sancta Museum est un projet international où je suis heureux d’avoir eu l’opportunité d’apporter ma pierre à l’édifice tout en découvrant la Terre Sainte. J’espère revenir très bientôt ! »
Photo du haut : Recherches documentaires pour António Rodrigues. En bas : Mise à jour de la base de données pour Gabriel Marques © TSM.
Faire connaître le Terra Santa Museum au Portugal
Et la cheville ouvrière qui a permis leur venue n’est autre que le chevalier Tiago Teles de Abreu, ambassadeur du Terra Sancta Museum au Portugal. Il est le coordinateur de la Commission de Saint-François, chargée des programmes de volontariat en Terre Sainte : “Nos programmes de volontariat sont conçus pour de jeunes étudiants universitaires qui souhaitent servir tout en effectuant un voyage spirituel en Terre Sainte. Ces deux dimensions, le service et le pèlerinage, sont indissociables. Cette année, nous avons envoyé des volontaires pour la première fois au Terra Sancta Museum, et nous sommes très satisfaits du résultat.” Le musée revêt une importance particulière pour lui : “Le Terra Sancta Museum montrera bien plus qu’une collection d’objets rares et précieux. Pour moi, chacun de ces objets exprime l’amour que Jérusalem suscite chez les nations du monde entier, y compris le Portugal. Je crois que les visiteurs percevront cet amour dans chaque pièce et, en contemplant leur beauté, ils atteindront Dieu.“
Le Custode de Terre Sainte, Frère Francesco Patton avec l‘ambassadeur du Terra Sancta Museum au Portugal Tiago Teles de Abreu, et le Directeur des Biens Culturels de la Custodie de Terre Sainte, Frère Stéphane Milovitch © TSM
C’est justement pour faire connaître ce patrimoine vivant et cette présence du Portugal à Jérusalem que Tiago a eu l’initiative d’inviter à Lisbonne, en mars dernier, Frère Rodrigo Machado Soares pour une soirée de présentation du projet. L’évènement fut une réussite avec un parterre de journalistes et autres personnalités du monde de l’art et de l’église.
Frère Rodrigo Machado Soares, directeur adjoint de l’Office des Biens Culturels de la Custodie, au Centre culturel franciscain du Commissariat de Terre Sainte du Portugal. © Agência ECCLESIA/PR
« Ma mission est d’engager le peuple portugais avec le musée et, à travers ce projet, promouvoir la Terre Sainte comme une destination à visiter au moins une fois dans sa vie ». Maintenant, Tiago se concentre sur l’exposition “Le trésor des rois. Chefs-d’œuvre du Musée de Terre Sainte”, qui sera inauguré au Musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne ce 10 novembre 2023. Les œuvres du Terra Sancta Museum viennent au Portugal comme en écho à l’appel de la Terre Sainte du frère Pantaleão… Nul doute que ces liens séculaires présentés dans une grande exposition internationale suscitent de nouvelles vocations parmi de jeunes portugais, qu’ils soient volontaires ou pèlerins de Terre Sainte.
Pour aller plus loin :
Sur le frère Pantaleão : http://ww3.aeje.pt/avcultur/AvCultur/Aveirilustres/FreiPantaleao.htm
Remerciements :
Marie-Armelle Beaulieu
Tiago Teles de Abreu, Gabriel Marques, António Rodrigues